L'auteur

Titulaire d'un Doctorat en philosophie et d'une maîtrise en histoire, l'auteur est restée fidèle à ses deux «initiateurs» en philosophie, Nietzsche et Kierkegaard, mais admire tout autant Spinoza, Russell, Arendt...
Marie-Pierre Fiorentino

dimanche 4 septembre 2011

La seule pitié dont je veuille.

N’attends pas de pitié de l’homme haineux. Tente encore moins de la susciter. Pas d’air attristé, pas d’allure souffreteuse et le moins de colère possible. S’abandonner à croire que l’ennemi se détournera pour une proie plus vaillante est un leurre. De hyène, il deviendrait tigre. Tu seras tenté pourtant dans l’harassement des batailles. Mais l’espoir de la pitié ferait de toi le meilleur allié de ton assaillant.
Comment encaisser les coups ? En te souvenant qu’au fond de tout homme capable de vouloir nuire à son semblable, de s’acharner sur lui, une chimie primitive réagit à l’odeur du sang. Ne laisse aucune blessure suinter sous son flair de prédateur. Pour vaincre, sois patient dans la dissimulation ; elle sera ta puissance. Alors ton ennemi se fatiguera, s’épuisera. Alors il aura besoin de ta pitié et tu la lui donneras. Tu ne lui donneras pas le pardon. Tu ne lui accorderas aucun intérêt, même pas celui de la vengeance, car en étant son vainqueur, tu l’auras aussi été de la chimie qui aurait pu te rendre identique à lui.
La pitié que tu auras de lui signera ta double victoire.

Le Garn, le 3 septembre 2011.